Skip to main content

Quand on a pour projet de se lancer dans la van life, on doit d’abord se poser la grande question: quelle van choisir?

Le Transit de Ford, le Sprinter de Mercedes-Benz et le ProMaster de Dodge RAM figurent parmi les fourgonnettes les plus populaires. On a interrogé quelques van lifers d’expérience qui ont opté pour l’une de ces vans. On vous livre leurs opinions afin de vous aider à décider quelle van choisir

La conduite

De tous les recoins de la van, c’est derrière le volant où l’on risque de passer le plus de temps. L’expérience de conduite est donc non-négligeable quand vient le temps de décider quelle van choisir

Transit
Alex Arsenault, Contremaître Atelier chez Desjardins Auto Collection Ford, et Antoine Gagné, fondateur du blogue Far Out Ride, sont propriétaires du même modèle de Transit le 148” Extended-length High-Roof. Ils sont unanimes sur l’expérience de conduite: le Transit se conduit de façon intuitive, comme une minivan. C’est ce qu’a pensé Antoine après avoir fait des tests de conduite pour déterminer quelle van choisir. «On a trouvé la conduite du Transit naturelle et fluide (…) par rapport au Sprinter, où l’on se sentait plus près d’une conduite de truck.» 

Son avis n’est pas partagé par Jef Audet, propriétaire d’un ProMaster, mais qui conduit un Transit dans le cadre de son travail. Selon lui, le siège capitaine du Transit est trop bas. Jef note aussi que le modèle 250 de Transit a de la difficulté à garder le cap quand il roule à haute vitesse et qu’il vente. «Avec son toit élevé, il pogne dans le vent: ça se promène de gauche à droite», avertit-il. 

Sprinter
Jean-François Coulombe-Vigneau, technicien sur la route chez Énergir, en est à son quatrième Sprinter: le modèle court 2019. Pour avoir essayé le Transit et le ProMaster, il estime que le Sprinter est de loin le plus confortable à conduire. Étant moi-même propriétaire d’un Sprinter, j’approuve! On fait facilement 10 heures de route dans une journée sans problème. J’aime être assis plus haut: ça me donne l’impression d’être plus en sécurité sur la route. Aussi, les grandes personnes risquent d’apprécier l’ergonomie du Sprinter. 

ProMaster
Tel que mentionné, Jef préfère la conduite du ProMaster à celle du Transit. Il estime que le rayon de braquage des roues est meilleur. De son côté, le vice-président de VanLife MTL (dont la flotte est composée exclusivement de ProMasters), Martin Lambert, indique que certains reprochent au siège conducteur du ProMaster d’être trop haut. Pour ceux-là, Martin conseille l’option «banc et lombaire ajustable». Ça permet de descendre la banquette. Il note que les fabricants de ProMaster devraient ajouter un appui bras surélevé côté portière pour améliorer le confort. 

vanlife MTL pro master - quelle van choisir

En milieux difficiles: le hors-route et l’hiver

Quand on veut s’aventurer hors des sentiers battus et qu’on se demande quelle van choisir, plusieurs éléments sont à prendre en considération, dont le type de rouage d’entraînement, la garde au sol et la suspension. 

Transit
Pour s’adapter aux terrains où il s’aventure, le Transit d’Alex est équipé d’une traction intégrale (AWD – All Wheel Drive), activée en permanence. Elle ne requiert aucune intervention de la part du conducteur, sauf choisir entre plusieurs modes de conduite. 

« Je dois avouer que j’avais une certaine crainte envers la performance de ce système en mode hors-route. Plusieurs systèmes AWD ne valent pas grand-chose lorsqu’on s’enlise dans le sable ou la boue. Cet été, sur les plages des Îles-de-la-Madeleine, j’en ai profité pour mettre à l’épreuve les capacités du rouage intégral du Transit. J’ai été plus que satisfait des performances! » – Alex Arsenault 

Quant à Antoine, il a opté pour un Transit à deux roues motrices (2WD – Two Wheel Drive) avec l’option différentiel à glissement limité. Il ne le regrette pas. «Une fois le poids de la conversion ajouté, avec de bons pneus et à l’aide du limited slip [differential], on trouve que notre van se comporte comme une voiture en termes de traction», dit-il. Il lui faut tout de même être prudent dans ses distances de freinage. En ce qui concerne la conduite dans la neige, Antoine s’est rendu jusqu’à la frontière de l’Alaska. Son Transit lui a permis d’accéder à des zones en arrière-pays reculés.

transit van in snow - quelle van choisir

Bien qu’Alex et Antoine apprécient la performance de leur Transit en hors-route – celui d’Antoine se retrouvant parfois même au sommet d’une montagne de la Colombie-Britannique via des chemins classés 4×4 High-Clearance Vehicles Only –, ils ont tous deux dû améliorer la garde au sol. En effet, l’arrière du modèle Extended est si long qu’il arrive qu’il heurte le sol, en hors-route ou en ville, sur un terrain incliné. 

« Pour mitiger ce problème, on a installé des air bags dans les suspensions arrière. Ça permet de relever le derrière d’environ trois pouces. Pour nous, ça a réglé le problème. On s’en sert également pour niveler la van quand on dort. » – Antoine Gagné

Quant à Alex, il a relevé la suspension de son Transit et s’est équipé de pneus All-Terrain Oversized

Sprinter
Selon J-F, bien que le Transit AWD offre une bonne motricité, la gamme courte du Sprinter, son rayon de braquage plus court et sa meilleure garde aux sol le rend plus adapté aux sorties off road intenses. Puis, bien que tous deux puissent être équipés d’une traction intégrale (AWD), Mercedes offre l’option quatre roues motrices (4×4), normalement plus robuste que le système AWD.

Personnellement, j’adore le 4×4 du Sprinter, mais il est un peu capricieux. Il faut vraiment être sur un terrain plat pour qu’il embarque. En hiver, ça nous met en confiance, c’est certain. Aussi, on aime le fait que sa garde au sol soit plus haute que le Transit et le ProMaster, donc aucun souci à ce niveau. Autre point positif du Sprinter pour le hors-route: l’option low range. Ça permet de tirer des items lourds sur un terrain incliné, un bateau par exemple.

« On aime vraiment l’option low range du Sprinter. La transmission, au lieu d’être normale (t’as un top speed qui est de 50), tu peux aller à 5 km/h. Tu peux passer des obstacles à basse vitesse. C’est important en hors-route. C’est le seul [des trois fourgons] qui a ça. » J-F Coulombe-Vigneau 

Cette option jumelée au système de contrôle en descente (DSR Downhill Speed Regulation) du modèle 2019 est utile pour descendre des pentes de façon autonome. «On l’a essayé et ça travaille super bien. Ça descend doucement, de façon contrôlée. C’est une option trippante!», ajoute J-F. 

sprinter van in alberta - quelle van choisir

ProMaster
Le ProMaster est équipé d’un système deux roues motrices (2WD). «Beaucoup ont peur de la traction avant», dit Martin, qui ne voit pas de soucis à ce niveau tant que la van est bien chaussée et que le poids est bien réparti. Selon lui, on peut emprunter des chemins forestiers et affronter des tempêtes hivernales. Or, il met en garde contre le sable mou, que l’«on évite ou on n’arrête pas». 

Bien que le réservoir d’essence soit situé à l’avant et contribue à la répartition du poids, la traction avant empêche Jef de s’aventurer là où il le voudrait. «Un ProMaster sans conversion va bien se débrouiller sur une pente. Mais avec le poids, ça aide pas. Ça manque d’adhérence tant dans les montagnes que l’hiver». Jef soulève l’importance de s’équiper en bons pneus. Et la garde au sol? «C’est pas si mal, mais le derrière est quand même bas». Martin note que l’essieux arrière est bas lui aussi.

La mécanique: les pièces de rechange et l’entretien

Transit
Quatre ans et 120 000 km plus tard, Antoine dit avoir investi seulement 2 000 USD sur son Transit 2016, «surtout à cause des freins qui n’est pas le point fort du Transit». Alex a quant à lui expérimenté des infiltrations d’eau au niveau des portes de son Transit 2020. Tous deux sont unanimes sur l’accessibilité du service de dépannage et du remplacement des pièces: que du positif! 

« L’accès aux pièces et services est une des principales raisons d’avoir acheté un Transit. En effet, on peut trouver un concessionnaire Ford dans presque chaque petite ville ou village en Amérique du Nord. Les pièces sont faciles et rapides à obtenir (généralement sur-le-champ, ou deux-trois jours sur commande). On a même fait affaire avec un concessionnaire Ford au Mexique. On a été très impressionnés. Ils ont pu honorer notre garantie! » – Antoine Gagné

transit van at sunset - quelle van choisir

Sprinter
C’est la peinture de la carrosserie qui est à surveiller sur le Sprinter. J-F suggère deux solutions pour prévenir la rouille. D’une part, investir dans une peinture de qualité et éviter la peinture blanche «cheap» sur les modèles de base. D’une autre part, installer une pellicule protectrice contre la corrosion au-dessus du pare-brise, où la tôle devient tachetée avec le temps. 

Avec notre Sprinter, on n’a pas eu de problème avec la peinture. C’est plutôt la caméra de recul qui a dû être reprogrammée à 8 000 km. Ça s’est fait rapido presto auprès d’un concessionnaire au Québec. À 18 000 km, j’ai eu un problème avec le boîtier papillon (throttle actuator). Le diagnostic est tombé rapidement chez un concessionnaire de Calgary, mais la pièce devait être commandée. Elle est arrivée 48 heures plus tard. Au terme de 25 000 km, je considère avoir reçu un super service. Après tout, Mercedes est une marque luxueuse qui vient avec un standard de service élevé: on est traité aux petits oignons durant les entretiens et réparations (service de navette en ville, salle de conférence pour travailler, etc.). 

ProMaster
Après deux ProMasters, un 2017 auquel il a ajouté 50 000 km au compteur, et un 2018 aujourd’hui à 35 000 km, Jef n’a connu aucun souci mécanique. «Il faut comprendre que la plupart des problèmes mécaniques que l’on voit, ce sont des vans qui ont soit déjà été utilisés comme “work truck”. Donc battu par les employés. Quand tu fais tes changements d’huile et que tu le conduis de façon polie, c’est un véhicule idéal pour une conversion», nous dit Martin. C’est pourquoi Jef s’est à chaque fois procuré un ProMaster neuf. Puis, advenant un pépin, la mécanique simple de Dodge permet généralement de bien s’en tirer niveau accessibilité de services et coûts des pièces. 

promaster van conversion - quelle van choisir

Le design

Transit
Antoine aime le fait que son Transit ait des murs «un peu plus droits que le Sprinter (mais pas autant que le ProMaster)», dit-il. Ça permet d’installer des matériaux plus facilement que dans un environnement aux murs arrondis. Jef note que sur certains modèles, le toit du Transit avant plonge vers l’habitacle du conducteur, ce qui limite les possibilités pour la conversion. 

Sprinter
J-F et moi apprécions vraiment la finition haut de gamme du Sprinter. Depuis 2019, l’habitacle du Sprinter est beaucoup plus développé et se démarque des autres fourgons. Je le trouve user friendly grâce aux deux écrans du tableau de bord qui se contrôlent directement à partir du volant. À mon avis, il y a toutefois trop d’assistants en tout genre: pour les lignes jaunes, pour le vent latéral, pour les angles morts… On peut en désactiver certains, mais pas tous, alors que j’aurais préféré pouvoir les activer si je veux vraiment les utiliser. 

ProMaster
Pour Martin et Jef, l’un des points forts du ProMaster est sa largeur. Ça permet d’y installer un lit transversal de 6 pieds 1 de long. Ça laisse donc plus d’espace à l’intérieur de la van. Puisque le design du ProMaster est le plus «carré» des trois, c’est un autre avantage pour la conversion. 

Rapport qualité/prix

Quelle van choisir, oui, mais aussi, quel prix est-on prêt à payer! Le coût d’un fourgon de l’année varie énormément, notamment en fonction du système de traction, des garanties et d’autres options. Il ne faut donc surtout pas comparer des pommes avec des poires. C’est pourquoi les chiffres suivants sont donnés à titre indicatif. 

Transit
Le rapport qualité/prix est un avantage du Transit, selon Alex. Grosso modo, il a payé 52 000$ pour son Transit 2020, dont 4 000$ pour le AWD. Il a ajouté 8 000$ d’options. À noter qu’il faut investir un bon 3 000$ pour un lift kit pour le dégagement au sol. On est rendu à environ 63 000$. C’est sans compter la conversion (35 000$ dans son cas).

Niveau consommation d’essence, le Transit fait moins bonne figure que ses concurrents. Avec le moteur le plus puissant (V6 3.5L Bi-Turbo), la suspension surélevée, un porte-bagages sur le toit et des pneus agressifs, la consommation moyenne du Transit d’Alex est de 19L/100 km.

transit campervan - quelle van choisir

Sprinter
C’est le fourgon le plus cher, sans surprise. Selon J-F, il faut compter environ 85 000$ pour un Sprinter 4×4. Reste encore la conversion. Au niveau du carburant, le Sprinter de J-F consomme 13,5L / 100km «mais j’ai des gros pneus et je roule vite!». Pour lui, l’agrément de conduite et la valeur de revente compensent le surplus à l’achat. Il ajoute que pour justifier ce prix, il faut faire beaucoup de route. «Le Sprinter, c’est fait pour rouler un million de kilomètres. Si tu le laisses remiser pendant des mois ou si tu fais du stop and go en ville, tu vas avoir des problèmes [de mécanique]». Et ce ne sera tout simplement pas rentable. 

Avec le Sprinter 170 4×4, double roues et des pneus All-Terrain KO2, ma consommation est de 17L / 100km. Si le diesel permet d’économiser quand on fait le plein, on doit prévoir l’achat d’une grosse bouteille de DEF (Diesel Exhaust Fluid) à chaque 4 000 km environ. Aussi, le Sprinter doit être rentré pour des entretiens (A et B en alternance) aux 30 000 km afin que la garantie s’applique. Un entretien coûte environ 700$, même si tout va bien sur le véhicule.

ProMaster
Jef a beau être déçu par la traction avant de son ProMaster, tout le reste dont le prix compense ce désavantage. «Bien négocié, et avec le rabais FQCC,  tu peux avoir ça entre 35 000$ et 45 000$ (sans la conversion). Un Sprinter, c’est près du double». Il avoue qu’il prendrait un Sprinter 4×4 demain matin «mais à cause du prix, non!». Sa moyenne de consommation d’essence est de 15L / 100 km «bin loadé avec la conversion». 

promaster solar electrical system - quelle van choisir

On a beau se demander quelle van choisir: il n’y en a pas une pour tous.

Au final, si c’était à refaire, tous ceux à qui on a parlé rachèteraient la même van. Alors, quand on se demande quelle van choisir, il faut se souvenir que dans les faits, il n’y en a pas une meilleure que l’autre. Tout dépend de l’utilisation qu’on en fait, de nos priorités et de nos ressources. 

« Ce sont trois belles vans modernes et fiables. Il faut que tu les essayes. Il faut que tu oublies les commentaires sur internet (N.D.R. bonjour!) et que tu te demandes si toi, t’es bien dedans. Si t’en trouves une belle et que ça fit dans ton budget, bin, t’as trouvé. » J-F Coulombe-Vigneau

Un grand merci aux photographes Alex Arsenault, Antoine Gagné, Karolina Krupa et Martin Lambert pour leur contribution.