Imaginez l’histoire suivante,
Vous vous êtes récemment lancés dans la conversion de véhicules récréatifs sur mesure avec votre famille. Vous avez appelé ça Vanlife La Tuque parce que vous venez de là! Les choses vont bien. La fierté familiale bat son train. Vous participez aux événements et vous vendez des véhicules qui font la joie des nouveaux propriétaires. Votre conjointe et vous avez finalement mis sur pied un projet qui vous fera vivre, loin du 9 à 5!
En plus, tout le monde à La Tuque est fier de vous!
Les gens capotent sur Vanlife La Tuque.
Tout semble bien aller, jusqu’au jour où vous recevez une mise en demeure d’un avocat : « Vous devez changer de nom de compagnie – Le mot VANLIFE appartient à une autre compagnie au Canada qui fait exactement ce que vous faites. »
Quessé ça?
La vanlife pour tous
Vous ne comprenez pas : VANLIFE n’est pas un mot commun? Un mot qui appartient à tous? Un mot communautaire, pour la communauté? Un hashtag? Une mentalité? Vous faites face à une triste réalité. Vous devez répondre avec l’aide d’un avocat qui vous coûte quelques centaines (milliers) de dollars pour vous défendre un peu. Vous trouvez que c’est un peu de la marde, en bon français. Votre conjointe trouve ça poche.
Votre avocat vous rappelle :
Vanlife La Tuque doit changer de nom, et vous devez plusieurs milliers de dollars à la compagnie propriétaire en dédommagement.
Re-Quessé ça?
L’appellation VANLIFE a été déposée d’innombrables fois comme marque de commerce aux États-Unis, et aujourd’hui au Canada, par des compagnies diversifiées : construction, locations, logiciel de réservation de véhicule, etc. Le but de ces compagnies-là est simple et honorable : elles veulent protéger des produits et services qui sont étampés (brandés) du mot VANLIFE face à leur compétition.
Le début d’un très très long processus
En 2018, une compagnie québécoise a déposé le mot VANLIFE (générique et sans adjectif) comme marque de commerce au Canada. Cette compagnie œuvre dans l’industrie de la conversion et de la location de véhicules récréatifs. Il est important de mentionner que L’Office de la Propriété Intellectuelle du Canada (OPIC) demande de spécifier dans quelle catégorie un mot doit être enregistré lors d’une telle demande, histoire de sécuriser les demandeurs dans leur champ d’activités seulement. L’OPIC se penche donc sur le dossier, et rend la demande publique en 2020, dans son Journal des Marques de Commerces. (Oui, l’entièreté du processus est public. Allez voir!)
Un membre de la communauté lance le débat publiquement : est-ce qu’une compagnie peut vraiment se réserver le droit d’utiliser le mot VANLIFE à elle seule? Ça fait réagir. Allons-nous réellement « donner » le mot VANLIFE à une seule compagnie québécoise, menaçant potentiellement les Vanlife La Tuque de ce monde?
Impossible.
Mobiliser la communauté pour la cause
Un processus officiel d’opposition «amicale» a été déclenché en 2021, avec une équipe légale embauchée par Go-Van et Vanlife Sagas. L’objectif : s’informer, ouvrir la discussion autour du sujet et démocratiser l’utilisation du mot VANLIFE au Canada. Pourquoi? Parce que nos collaborateurs, nos commanditaires, nos followers et nos amis sont des compagnies qui convertissent et qui louent des vans, et certaines d’entre elles s’appellent VANLIFE-quelque chose! On imaginait difficilement un futur où VANLIFE devenait une marque de commerce déposée, propriété de l’une seule d’entre elles!
Makes no sense, en bon français.
On s’est mobilisés. On a demandé de l’aide. On a demandé l’avis des compagnies concernées. Et à notre grande surprise, un défi plus grand a fait surface : l’industrie au Québec doit mieux communiquer, mieux collaborer, mieux se structurer. Les acheteurs, les voyageurs, les municipalités, les fournisseurs, les constructeurs et les locateurs se sont assis autour d’une même table :
L’Association Vanlife Québec est née.
L’objectif : parler d’une seule et même voix pour promouvoir, fédérer et défendre les intérêts des Vanlifers sur le territoire québécois. Depuis la mise sur pied, des discussions avec des dizaines de municipalités sont amorcées, des espaces dodo ont été ouverts et des nouveaux événements ont été mis sur pied pour épauler la communauté.
Bref. Que du bon. On en profite au passage pour saluer le travail dans l’ombre de plusieurs passionnés de vanlife qui portent à bout de bras la structuration et développement de cette association maintenant devenue un incontournable!
La valeur du mot «vanlife»
Retournons à l’OPIC – Est–ce que VANLIFE doit rester ouvert à tout le monde (dans l’industrie de la conversion-location)? Ou est-ce qu’on peut « donner »ce mot aux demandeurs potentiels? Est-ce qu’on crée un précédent légal si VANLIFE devient un Trademark? Comment tracer la ligne si un mot commun peut s’étamper sans équivoque sur les produits d’une seule compagnie? Comme Coca-Cola. Comme Kleenex.
Le processus d’opposition avance. Les preuves sont déposées devant les techniciens juridiques. Les avocats discutent. Chaque étape prend plusieurs mois, plusieurs milliers de dollars, et une multitude de discussions plus ou moins confortables!
Le comité doit démontrer que VANLIFE est une idée qui est née du grand public, dans les années 1970, puis plus récemment en 2009 avec la naissance du mot VANLIFE par Foster Huntington, à New York. Il faut démontrer que ce mot est une mentalité, un descriptif, mais aussi une idée qui touche plusieurs milliers de personnes au Canada. Surtout, il faut démontrer que VANLIFE n’est pas un outil de vente, que c’est un mot qui appartient à tous et qui est le miroir d’une communauté qui est en train de changer le tourisme au Québec et au Canada.
Vive la communauté vanlife!
Avril 2024 – La décision est rendue : VANLIFE ne peut se faire réserver pour la conversion et la location au Canada. Le terme appartient à tout le monde.
Génial.
Vanlife La Tuque n’a pas à changer de nom (c’est fictif tout ça là, c’est un rappel). Ce qui n’est pas fictif, c’est que vous n’aurez jamais à avoir peur de démarrer votre propre compagnie de conversion et location de vanlife au Québec et au Canada avec le mot VANLIFE. On vous encourage à vous lancer, à développer, à regarder ce que vos collègues et vos compétiteurs font, à contribuer à votre manière à la vanlife et à la décliner fièrement à votre manière, que ce soit en conversion de véhicule, en location, en création de contenu, en magazine, en outil promotionnel…
Ou simplement pour le fun, en ligne ou hors-ligne.
À La Tuque, ou partout ailleurs.
– De la part de Julien, Dom et l’AVQ