Pendant ces temps difficiles, on a tous des réflexions sur nos choix de vie.
J’étais curieuse d’aller à la rencontre de différents nomades pour apprendre et partager leurs réflexions, si utiles en ce moment. Voici celle du musicien et van lifer Anthony Roberge; son histoire et sa vision des choses. Pour lui, la vie en van en van, c’est un projet à long terme.
Dans mon ancienne vie, je travaillais comme entraîneur.
J’avais un emploi traditionnel, de 8h à 17h. C’était mon métier pendant six ans. Au fil des années, j’ai perdu la motivation pour ma profession. J’avais l’impression que je travaillais dans le vide. Je mettais beaucoup d’énergie avec des clients dans l’objectif qu’ils changent leurs habitudes de vie. Malgré cela, je sentais que mon énergie passait dans le beurre. J’ai réalisé que 80% des gens ne font pas les efforts et il n’y a pas de changement. J’étais aussi tanné de travailler pour quelqu’un au lieu de travailler pour moi-même.
Depuis mon tout jeune âge, je rêve de vivre de ma musique. Mais, je n’avais aucune créativité quand je finissais de travailler. C’était impossible pour moi de me concentrer sur mes projets. Je ne pouvais pas mélanger mon emploi temps plein et ma musique.
Et puis un jour, j’en ai eu assez.
J’ai décidé de quitter mon appartement, mon emploi et vendre mon auto. Et de vivre dans une van. Je l’ai transformée en mini-maison. Au lieu d’investir mon temps dans une compagnie, pourquoi pas investir mon temps en moi, en mes rêves ? J’investis présentement mon temps en moi et je trouve que ça fait tout son sens.
Ça fait maintenant trois ans que je vis ce mode de vie et je viens de vivre les plus belles années de ma vie.
Il y avait beaucoup de jugement face à mon choix de vivre dans une van.
J’ai commencé en 2017 et c’était vraiment moins populaire au Québec. Au début, ça m’affectait au niveau de mon égo. Je me sentais différent et jugé. Aujourd’hui, je me sens plus à l’aise face au jugement. Je suis conscient de toutes les expériences incroyables que j’ai eues durant les dernières années.
Ça me permet d’avoir beaucoup de liberté, de flexibilité et de créativité parce que j’ai plus de temps. Ça rend le voyage plus accessible, j’en rêvais depuis toujours. Deux semaines par année de vacances, avec un emploi ordinaire, ça ne fait aucun de sens.
Pour ne pas être affecté par la peur du jugement, je me base maintenant sur mon vécu. Le jugement c’est souvent la peur. La peur de mes proches que je n’aille pas une belle vie. Mais en fait, c’est une des meilleures décisions que j’ai prises dans ma vie. Certaines personnes pensent encore que c’est temporaire. Ils me disent:
Pour le moment, c’est correct comme mode de vie, mais plus tard, tu vas trouver autre chose.
Alors que je me dis, pourquoi je ne pourrais pas faire cela toute ma vie?
Honnêtement, je suis rendu au point où je ne ressens pas le besoin d’avoir un pied à terre… sauf en temps de pandémie. Quand tout a commencé, j’étais en Floride. J’y ai passé l’hiver. C’est toujours un défi l’hiver au Québec pour les personnes vivant dans une van.
Mon retour n’a pas été facile. J’ai été confiné pendant 14 jours dans ma van, sans aucun accès à de services extérieurs. Je prenais des douches avec des pichets d’eau. J’ai aussi dû m’acheter une toilette portative. Habituellement, je me lave dans les gym, mais comme tout est fermé en ce moment, c’est impossible.
Maintenant, je suis stationné sur le terrain d’une de mes amis. J’ai aussi accès à un peu d’électricité. On a dû demander l’autorisation de la Sûreté du Québec pour être certain qu’on était correct au niveau des rassemblements parce qu’on était trois personnes.
La crise actuelle m’a fait réaliser à quel point je suis dépendant des services et du système.
Mon avis est que le gouvernement s’assure de tout contrôler pour être certain que la pandémie passe. Ça a été une bonne prise de conscience. Je me suis demandé:
Est-ce que j’ai le bon style de vie ? Après trois ans, est-ce que je veux vouloir vivre dans une van?
J’en suis venu à la conclusion que oui, c’est le mode de vie parfait pour moi. C’est l’essence même de mon projet musical. Être nomade et me déplacer d’un spectacle à un autre, ça fait tout son sens. Si j’avais un pied à terre, j’aurais besoin de faire bien plus de déplacements. Maintenant, j’ai seulement des allers à faire. Ça me permet d’économiser non seulement en terme d’essence, mais en temps et en énergie. Mon chez-moi me suit partout.
Malgré ces réalisations, j’aimerais être plus autonome et moins dépendant de la société. Avec la pandémie, on doit se soumettre aux lois et restrictions. Même si mon mode de vie est un peu à l’extérieur du cadre, je fais partie du système, malgré tout. Je dépends de certains services et je fais partis de la société. En ces temps difficile, c’est donc vraiment important pour moi de respecter les mesures.
Aujourd’hui, je peux dire que je vis de ma musique.
Au début, je faisais des spectacles dans les bars, dans les évènements privés (mariage, anniversaires). J’ai commencé aussi à jouer dans la rue. Maintenant, j’ai ma première chanson lancée sur l’album qui circule à la radio. Ça me permet d’avoir une autre source de revenu en vivant sur la route. Et petit scoop : Je sors un album le 29 mai!
Pour supporter Anthony Roberge, vous pouvez vous procurer son album ou faire des demandes spéciales à la radio!