Si on m’avait dit que je serais devenue celle que je suis aujourd’hui, je n’y aurais pas cru.
Cela fait maintenant trois ans que j’ai tout quitté: mon travail, ma famille, mes amis, mon pays. Trois ans que je suis, comme diraient certains, entrée dans une parenthèse de mon existence. Or, je n’ai fait que choisir une transition radicale vers ma nouvelle vie. Et je n’ai jamais été aussi heureuse que depuis que j’ai pris cette décision! Bon j’avoue, elle n’a pas vraiment été difficile à prendre puisqu’à l’époque, je ne l’étais pas vraiment, heureuse.
Par Jessica Gitton
Un jour, j’ai décidé de changer les choses. Après tout, on a qu’une vie (je me le suis d’ailleurs fait tatouer, au cas où j’oublierais mes bonnes résolutions). Et pourquoi tout simplement continuer à s’ensevelir dans une vie qui ne nous plaît pas? J’avais une nouvelle devise: suivre ses envies. Ou son cœur, ses rêves, son feeling, ça marche aussi.
C’est donc un peu sur un coup de tête que j’ai rejoint Jonas, aujourd’hui mon conjoint, dans sa mini-van en Californie. C’est en fait une voiture à six places dans laquelle les sièges arrières se rétractent dans le plancher sur lequel on met un matelas par dessus. Autant dire que notre espace personnel était… inexistant. Mais pour moi, partir en Amérique rejoindre un gars que je connaissais à peine dans sa voiture, c’était surtout ça, l’aventure! Évidemment, mes proches n’étaient pas vraiment du même avis. J’avais écrit »One life » sur ma cuisse moi, c’était trop tard!
Il faut savoir qu’à l’époque, j’étais plutôt le genre de fille coquette qui sort pas mal.
Mes principales préoccupations de jeune étudiante se résumaient à passer des soirées en terrasse ou en discothèque et avoir de belles fringues. Alors quand je suis débarquée en Californie et que j’ai vite compris que je n’allais pas prendre de douche tous les jours, que porter des jeans et des petites sandales ce n’était pas ce qu’il y avait de plus confortable et que je n’avais pas besoin de me maquiller, la transition a été rapide!
En effet, j’ai rapidement pris mes marques. Je pense qu’au fond, tout cela me correspondait bien plus.
Et puis, si j’avais décidé de partir faire un road trip en Amérique du Nord, ce n’était sans doute pas anodin. J’avais envie d’aventures, de découvertes, mais aussi de décompresser, de profiter de la vie de manière plus minimaliste et plus proche de la nature. Quoiqu’il en soit, je ne regrette rien de ma vie d’étudiante! Je me suis amusée, et puis je ne peux pas m’empêcher de me dire que la vie suit un chemin sur lequel tu fais des choix, et que ce sont ces choix qui te mènent là où tu es aujourd’hui.
Maintenant, je suis le genre de fille qui se fout du regard des gens. Du moins, beaucoup plus qu’avant.
Le genre qui poste publie photos d’elle sans maquillage sur ses réseaux sociaux. Qui va au supermarché en jogging, avec les cheveux pas toujours très propres. Qui ne supporte plus faire du shopping. Le genre de fille que les bars et la ville ennuient, et qui ne s’y sens plus vraiment à sa place…
Après avoir passé six mois sur la route, nous avons emménagés à Montréal dans le but de pouvoir faire les démarches pour obtenir la résidence permanente pour le Canada. Après une trèèès longue année d’attente, nous sommes repartis dans l’Ouest pour six mois de road trip à bord d’une vrai van cette fois, que nous avons aménagé nous-même. Nous sommes ensuite rentrés en France le temps de recevoir notre visa. Incapables de rester en place, et encore moins chez papa maman, nous avons donc acheté un vieux VR afin de passer l’hiver en Espagne et au Portugal. L’occasion de découvrir plus en profondeur quelques pays d’Europe avant de retourner au Canada, l’élu de nos cœurs.
Je ne sais pas encore combien de temps ce mode de vie nous conviendra. Ce que je peux dire, c’est que la vie sur la route m’a changée, m’a fait énormément grandir et prendre conscience de beaucoup de choses.
D’abord cette planète est incroyablement magnifique et il faut en prendre soin. Je suis devenue hypersensible à la beauté des paysages. Je ne peux pas m’empêcher de m’émerveiller devant la moindre rivière, une falaise, une fleur sauvage, choses que je ne remarquais sans doute même pas avant alors que tout a toujours été là, autour de moi. Je ne vous parle même pas de mon euphorie lorsque l’on trouve un emplacement isolé aux pieds des montagnes, au bord de l’eau, entouré d’arbres immenses! Je pars chaque fois en exploration, armée de mon appareil photos (et de mon répulsif à ours) pour découvrir les alentours. Puis, on prépare le feu de camp et on reste attentif aux moindre signe d’animaux sauvages. Imaginez un peu notre bonheur lorsque l’on voit un ours!
Je pense sincèrement que le voyage change les gens et nous fait évoluer dans le bon sens.
Lorsque l’on change son mode de vie, on se concentre alors sur d’autres choses, on se lance de nouveaux défis. Je n’étais pas sportive pour un sou, mais je me suis mise à la randonnée et à l’escalade. Je lis beaucoup plus, et j’adore ça! Tout cela me fait un bien fou. J’ai trouvé d’autres centres d’intérêts, ceux qui me correspondent vraiment. On peut dire que la vie de nomade m’a transformée. Elle m’a aidé à me trouver et à être tout simplement plus heureuse. J’ai bien fait de me faire tatouer.